Raphaël Imbert

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Musical Journey in Southern USA round 3



le 22 octobre 2012 
 Jazz 
 
 USA 
 



Day # 2 Hit the High Road

 

C’est donc le moment venu de notre premier concert officiel à Atlanta ! Rassurez vous, je ne dis pas « nous » façon Delon mais parce qu’il s’agit aussi du premier concert américain de Marion Rampal, qui nous accompagne durant cette première partie de séjour. Le High Museum est de taille humaine mais impressionnant par son architecture et sa mise en scène, dans la lignée des musées d’art moderne américains : blancheur, lignes droites, larges espaces, terrasses, muséographie léchée. L’Atrium où l’on est censé jouer résonne plus que l’église de Dwight où l’on a répété hier ! Mais l’espace est majestueux, un peu froid, avec des faux airs de Guggenheim grâce à ses longues passerelles en demi-cercle qui mènent aux différents étages.
Jouer du jazz aux USA, c’est un peu aller faire des pizzas à Naples ! J’avoue que je ressens une certaine pression, à laquelle s’ajoute une fatigue de jet lag pas totalement dissipée. Le « Friday Jazz » du High Museum est un long, très long concert. On doit jouer de 5 heures à 22 heures, pour un public qui vient écouter, se restaurer, rencontrer et visiter les collections, pendant le même événement ! De plus, après New York en mai dernier dans le cadre de IMPROTECH PARIS NEW YORK, je me rends compte que jouer à Atlanta, dans le Sud, représente d’autres enjeux, d’autres attentes. Quel sera le public ? Comment recevra-t-il ma musique ? J’ai prévu un programme très mélangé, mais avec pas mal de compositions personnelles. On a toujours ce fantasme craintif, cette mythologie qui veut qu’un public de « connaisseur » n’appréciera pas ce qu’il connaît déjà de la part d’un « étranger ». Il faut lui proposer du « neuf ». D’autant que, très vite, nous vérifions ce que nous disait les responsables du musée : le public qui commence à arriver est réellement un public de connaisseur. Plus de 300 personnes en tout passent par le musée, comme chaque « Friday Jazz », pour écouter et apprécier le moment. Même pour un artiste français « inconnu », il est au rendez-vous. Le consulat de France a aussi bien fait les choses en organisant ce « France Atlanta » qui devient, d’année en année, un événement reconnu. Malgré tout, il y aura très peu de français dans la salle, quasiment que des « locaux ». C’est une bonne surprise en fait. Combien de fois joue-t-on à l’étranger pour les expatriés français dans ce genre d’événement ? Ce n’est pas grave en soit évidemment, mais on se pose toujours alors la question de la nécessité du voyage. Rien de tel en l’occurrence.

Premier set, il y aura quatre.

Chris Riggenbach, le contrebassiste, est parfait. Mais la révélation c’est Henry Conerway III, le batteur. Attentif, inventif, créatif , Henry a un swing ravageur et un enthousiasme qu’il communique autant par ses frappes que ses harangues qui nous poussent à de judicieuses surenchères. Le public ne s’y trompe pas, et participe activement. Nous ne sommes pas à l’église ni dans un juke joint, loin de là. Mais nous sommes dans le sud, et les réflexes sont les mêmes. Tout effet de notre part - question-réponse, citations, slaps, jeux ludiques, surprises - provoque une réaction immédiate du public, qui manifeste clairement son approbation par d’autres appels, et des applaudissements fournis. C’est agréable de jouer pour ce public à la fois attentif et vivant. Ce public est d’ailleurs à l’image de la ville. C’est une audience parfaitement mixte qui vient écouter du jazz, et nous avons droit aux présentations animées des animatrices de la radio jazz afro-américaine (celle pour qui j’avais fait l’interview la veille) qui nous lance à chaque début de scène avec ce sens de l’entertainment que l’on ne trouve qu’ici. Pas mal d’Haïtiens aussi, qui viennent nous parler en français durant les entractes, très courtes ! C’est un peu stakhanoviste comme rythme, pas très « deep south », mais l’ambiance est remarquable, les sets s’enchainent sans longueur, le public en redemande. Marion Rampal obtient un succès retentissant, notamment sur des chansons françaises, pour l’aspect « exotique », mais aussi sur le répertoire beaucoup plus familier et local, comme un « Just a Closer Walk with Thee », qui est une première pour nous.
Après une nuit de repos bien méritée, nous reprenons la route, la longue route d’Atlanta à New Orleans. C’est étonnant comme elle m’est familière désormais. Je la connais bien. Les forêts de pins de l’Alabama succèdent aux vallons de la Géorgie, les swamps préhistoriques du Mississipi annoncent les marais de Louisiane. A quatre, la route passe plus vite, mais c’est Régis qui assure la conduite. Une bonne journée pour atteindre Crescent City, poser les affaires, retrouver notre hôte et ami John Maloney, que nous embarquons immédiatement direction le DBA, Frenchmen Street, malgré la fatigue. C’est que ce soir, il y a John Boutté, ça ne se rate pas ! La salle est bondée, John Boutté est décidément une star depuis la série « Treme ». Malgré cette foule, Boutté me reconnaît et annonce ma présence dans la salle ! Au bout de quelques morceaux, il s’octroie quelques minutes de répit en invitant sa nièce à chanter sur scène. J’en profite pour aller le saluer au bar, il est assis devant un verre et parle avec des fans. Il me tombe dans les bras, et me parle comme si on s’était quitté la veille. Je lui demande des nouvelles.

« Ça va, mais ça me pèse de jouer dans des conditions pareils, tout le monde parle, hurle. Le bruit est abominable. C’est ça l’Amérique…. »

C’est vrai que, malgré les panneaux d’avertissement et le statut du chanteur, la salle est bruyante et étouffante. N’oublions pas que le pays entier vient se dévergonder ici et que le taux d’alcoolémie moyen de la salle doit être assez « élevé ». C’est pénible, très pénible. J’entends même une femme totalement éméchée qui, après une version d’anthologie du « Hallelujah » de Leonard Cohen, apostrophe Boutté :
« t’as pas quelque chose de positif, pour une fois, à chanter ? ».

Je lui dis qu’il doit venir en France, qu’on aimerait bien l’inviter.

« Ce que j’aimerais venir ! Mais ma mère est très malade, je dois m’en occuper, et rester dans le coin ».

Je lui parle de nos événements à venir, notamment pour 2013 à Marseille, qu’on pourrait peut être le faire venir juste quelques jours. Il trouve l’idée géniale, mais pour le moment, il doit retourner sur scène. Mais pas tout seul. Il m’invite. Comme à son habitude, il me donne sa chaise, et encore une fois, je fais tout le concert avec eux. Les musiciens me saluent, par mon prénom, et c’est parti ! J’ai même droit à un « Treme Song » où je fais le solo de sax accompagné par une hallucinante joueuse de tambourin. La transe n’est pas loin. Et décidemment, il n’y pas que la route qui est familière ! New Orleans devient peu à peu comme une deuxième maison.



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Musicien autodidacte né en 1974, Raphaël Imbert poursuit un chemin atypique (...)

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