Raphaël Imbert

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Lipietz, les verts, la culture...






Vigilance !

 

Je transfère la communication de Ferdinand Richard, responsable culturel reconnu et compétent, par ailleurs responsable de la commission culture des verts, concernant une "analyse" d’Alain Lipietz.

Après la stupéfaction d’usage, je suis finalement peu étonné par ce genre de "sortie". D’une part, cela fait longtemps que je sais par des sources politiques de droite comme de gauche, que je fais partie, en tant qu’artiste et acteur culturel, d’une catégorie professionnelle "irresponsable" (c’est bien comme cela qu’il faut interpréter les propos de notre écologiste, non ?) qui mange son pain blanc sur le dos des français à force de subventions, d’affairismes et d’oisiveté. D’autre part, cela illustre parfaitement la philosophie de certains écologistes qui, sous couvert d’un principe de décroissance auquel nous souscririons volontiers, cache mal finalement une vision du monde où l’artiste consommateur et consumériste par essence, n’a pas sa place. La culture, selon cette vision que partage une ligne politique qui dépasse largement le clivage gauche-droite, et le clivage écologiste-capitaliste, n’est plus considérée comme un vecteur d’émancipation et de de dialogue (vœu pieux "boboïsant", si l’on en croit les adversaires de plus en plus nombreux d’une coalition "culturaliste", forcément adepte de la bien-pensance) mais comme un secteur de la vie politique parasitant le véritable travail social, populaire, collectiviste et astreignant par définition. Les relents de ce genre d’attaque n’ont pas besoin d’être illustrés plus avant, les références sont explicites et inquiétantes. N’en déplaise à Alain Lipietz, personnage politique honorable et sincère, c’est bien ça le pire ! Car d’après lui, si les verts ont fait un mauvais score en PACA, c’est donc à cause de la culture ! Bientôt, les francopholies de la Rochelle seront responsable de la tempête Xynthia ! Trêve de plaisanterie, je pense pour ma part que les scores plus qu’honorables d’Europe Écologie au niveau national depuis deux élections sont à mettre au crédit d’une vrai réforme de la pensée écologiste, et d’un projet de réforme CULTURELLE de la politique française.

Inutile de dire que je souscris complétement à la réponse de Ferdinand Richard, homme de culture compétent et efficace, et militant énergique et courageux, dans un milieu culturel qui a, disons-le au risque d’apporter de l’eau au moulin de Monsieur Lipietz, largement déserté le militantisme politique de terrain. Mais je souhaite du courage à Ferdinand de défendre la cause culturelle et artistique au sein d’un parti où j’ai (trop ?) souvent entendu ce genre d’accusation.

Il reste pour nous, artistes, à être encore plus vigilant. Les attaques contre notre cause se font de plus en plus diverses, elles ne sont plus, loin s’en faut, le fait d’un certain populisme droitier.


Message transféré
De : Ferdinand Richard  free.fr>
Date : Sat, 27 Mar 2010 16:35:46 +0200

Objet : Ferdinand Richard : réaction aux déclarations d’Alain Lipietz

Bonjour,
Vous trouverez ci-dessous le texte de mon intervention au CNIR du 26 mars
2010, au titre de mes responsabilités au sein de la commission nationale
Culture des Verts
Ferdinand Richard

L’analyse d’Alain Lipetz sur la trop grande place concédée à la Culture lors
de la campagne électorale en PACA a ému plus d’un militant, dans une région
qui compte plus de 30 000 emplois culturels directs.

Je le cite :
"J’ai fait 4 réunions en PACA,
dont le meeting de conclusion, et je crois
pouvoir dire honnêtement à Laurence et à son
équipe : il n’était pas raisonnable de tant miser
ainsi sur le culturel au détriment du social, en
particulier dans les Bouches du Rhône."

Cette assertion est fausse, dangeureuse, et incompétente.

Fausse :
A la différence d’au moins trois autres régions, la campagne d’EE en PACA n’a
organisé aucun meeting Culture. Le seul meeting Culture, originellement prévu
à Paris, a été organisé par la commission nationale. Tous les autres meetings
ont été organisés autour des thématiques écologistes classiques. Les pages
Culture de notre programme régional sont réduites. Nos négociateurs n’ont pas
pu privilégier la VP-culture.

Dangeureuse :
Il va de soi que cette phrase assassine réduit à néant les laborieux efforts
de la commission nationale Culture pour sensibiliser au plan national nos élus
et militants sur le rôle fondamental de la Culture.
La Culture n’est pas un sujet mineur, derrière les transports ou l’eau.
La Culture est à la base du droit.
La Culture de chaque individu est à la base de son autonomie politique.
La construction de l’Europe fédérale est impensable sans écologie culturelle.
Et nous savons tous que bio-diversité et diversité culturelle sont les deux
faces d’une même pièce, de même que la diversité culturelle est le fondement
du pluralisme politique.
Comment l’oublier, au moment même où l’abstention représente plus de 60% dans
nos quartiers populaires ?

Incompétente :
Depuis un certain temps déjà, et au moment même où, au Conseil des Ministres
de l’Union Européenne, la Culture passe du vote à l’unanimité au vote à la
majorité qualifiée, la commission Culture des Verts alerte nos instances sur
l’opportunité politique de prendre la main sur le dossier culturel, face à un
PS ou un PC qui depuis longtemps déjà n’apportent plus de solutions nouvelles,
englués qu’ils sont dans le pire jacobinisme culturel. Suivre la déclaration
d’Alain Lipietz, c’est nous faire tragiquement rater cette fenètre de tir.

Pour conclure, cette malheureuse sortie souligne à quel point la sociologie
dominante de notre parti, enracinée dans les sciences dures, explique la peur
(oserais-je dire le complexe) de nos scientifiques vis-à-vis du non-mesurable,
de l’humain, du senti, enfermant notre parti dans une iconographie désuète.

Oui, produire une remarquable monographie sur Mallarmé, comme l’a fait Alain
Lipietz, ne garantit en rien une compétence en matière de politique
culturelle. C’est le responsable de structure culturelle proche depuis vingt
ans des cultures urbaines des quartiers nord de Marseille, et par ailleurs
expert auprès de l’Agenda 21 de la Culture et de l’UNESCO, qui vous le dit.

Comme à chaque élection, j’étais délégué de mon parti sur une quinzaine de
bureaux de vote des quartiers nord de Marseille.
C’est bien mal connaître nos populations modestes de croire que seule la
question économique les intéresse. Malgré leurs énormes difficultés
quotidiennes, elles sont prètes à discuter de tout, de l’utopie, ou de la
Culture, et c’est bien tout à leur honneur.
Encore faudrait-il qu’il y ait quelqu’un pour débattre avec eux…
Si nous n’y avons pas fait un bon score, ce n’est pas à cause de René Char,
poète favori de Laurence Vichnievski, c’est tout simplement parce que depuis
des années les Verts n’y ont pas de local, pas de permanence, pas de réunion…

Dans la langue grecque, "politique" se dit "politiki" et culture se dit
"politikon". Je conseille vivement à nos brillants politologues de délaisser
pour un moment l’analyse des chiffres électoraux et de se consacrer à la
sémantique grecque.

Ferdinand Richard, responsable de la commission culture des Verts, 26 mars
2010.


Fin du message transféré



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