Raphaël Imbert

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Kwazulu-Natal



le 22 octobre 2014 



Chronique africaine I

 


J’avais pris plaisir à écrire une chronique de mes voyages américains. Maintenant que je suis en Afrique du Sud pour deux semaines, je pense pouvoir m’astreindre au même exercice. Pourquoi ici et pas quand je suis en Russie, Danemark, Belgique ? Je ne sais pas. En fait, j’ai l’impression de vivre ce même magnifique détournement culturelle qu’aux USA, entre musique populaire encore vivace et interrogations contemporaines sur l’avenir de nos pratiques artistiques.

Ne croyez pas venir en Afrique du Sud comme on s’imagine aller en Afrique de l’Ouest. Toutes les images d’Epinal se retrouvent immédiatement hors de propos, presque dès la sortie de l’avion. J’avais eu cette impression en mars, lors de mon premier séjour ici. L’histoire et les rapports entre communautés sont radicalement différents de tout ce que j’ai connu, en Guinée par exemple. L’apartheid mais aussi l’incroyable effort de réconciliation nationale en sont la cause, évidemment.

Pourtant, si effectivement l’Afrique du Sud confirme son statut de pays en pleine puissance, le moteur de l’Afrique, qui affiche cette incroyable dichotomie entre modernité revendiquée, croissance outrancière et disparités sociales implacables, la première chose qui frappe ici c’est le bruit, la place du son dans l’espace social et culturel du pays. Nous ne sommes pas dans le pays de la Vuvuzela pour rien ! Ici à Durban, les cérémonies Zulu d’intronisation ou d’initiations, qui ont parfois lieu en pleine rue à la vue de tous, prennent des allures de séances de méditations étrangement tibétaines et sonores !

Je suis par exemple en train d’écrire depuis la terrasse de l’appartement de mon ami Themi, chez qui je loge. Dominant l’Océan Indien, le lieu devrait inspiré quiétude et réflexion. C’est pourtant un extraordinaire chaos de bruit, d’oiseaux, d’ouvriers de chantiers, de marteau-piqueurs, de moteurs qui fait concert perpétuel. L’illustration sonore de la rencontre entre la nature et la civilisation. Parmi ses bruits, j’entends, parfois, fasciné, un ouvrier qui lance un appel chanté, un extraordinaire "work song" d’une redoutable poésie. La musique a toute sa place dans ce récital violent et magique, elle est au centre de l’identité de ce pays. Encore une fois, je vais constater la puissance d’un pays qui n’a pas renié son potentiel créatif populaire.

Vous attendez à l’aéroport de Johannesburg votre avion pour Durban. Des écrans partout, qui diffusent allégrement des spots publicitaires d’une raisonnable bêtise et d’une couleur sonore assourdissante. Sur tout un aéroport, ça donne une impression de capharnaüm indescriptible ! Pourtant, depuis le pseudo-starbuck juste à côté, ressort sans que l’on sache pourquoi et surtout comment, un magnifique call&respons des salariés qui transmettent ainsi la commande. Magie d’une musique qui ne se laisse pas impressionner par l’environnement étourdissant de notre modernité.

A peine arrivé à Durban, vous montez sur scène jouer du blues avec un superbe orchestre local, dans le cadre du Durban International Blues Festival. Pas de soundcheck, et je comprends pourquoi rapidement. Pas besoin, vu le niveau sonore hallucinant ! Il n’empêche, le public répond et le concert devient vite une fête magnifique, malgré la violence du son.

Heureusement, the Last Anniversary, la création pour laquelle je suis venu ici se jouera acoustique. Un vrai repos du tympan après cette belle mais mouvementée entrée en matière.



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Musicien autodidacte né en 1974, Raphaël Imbert poursuit un chemin atypique (...)

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